L’enterrement et ses modalités diffèrent selon les cultes, les cultures, les peuples et les pays. En France vivent environ 4 millions de personnes pratiquant l’Islam, issues des horizons les plus divers. En matière d’inhumation, il existe aussi une grande diversité de choix et de pratiques. Certaines familles issues de pays musulmans font le choix de rapatrier le corps du défunt dans son pays d’origine. D’autres préfèrent une inhumation près de leur lieu de vie, par exemple dans un des 70 carrés musulmans qui ont vu le jour ces dernières décennies en France. Dans le cas d’une inhumation conforme à la religion musulmane en France, comment l’enterrement se déroule-t-il ?

Obligations religieuses et loi française

Qu’il soit d’obédience chiite ou sunnite, le culte musulman observe certaines grandes traditions et obligations en matière de deuil. Ces conditions d’un enterrement respectueux de la religion du défunt doivent aussi être conjuguées avec les dispositions légales et réglementaires qui encadrent les obsèques en France.

D’abord se pose la question des délais et du linceul. Dans les pays musulmans, le corps est généralement placé dans un linceul et enterré dans les plus brefs délais avant le coucher du soleil. Il est difficile, pour ne pas dire impossible, de respecter cette tradition précise, en raison des obligations légales et réglementaires en vigueur en France. En effet, le corps de la personne décédée doit impérativement reposer dans un cercueil, un linceul sera donc insuffisant pour le mettre en terre. De plus, la loi prévoit que l’enterrement ne peut avoir lieu moins de 24h après le décès, ce qui empêche d’inhumer le corps selon la tradition islamique.

Ensuite se pose la question de la présence des femmes lors des obsèques. Il arrive parfois qu’en organisant les funérailles d’un défunt de confession musulmane, les familles s’interrogent sur la place des femmes, notamment dans le cortège de l’enterrement musulman. Les femmes peuvent-elles ou non assister à un enterrement musulman comme les hommes ? La réponse est assez consensuelle parmi les différents courants de pensée de l’Islam : en effet, les femmes peuvent y participer. Plus précisément, les textes sacrés et différentes interprétations indiquent que rien n’interdit aux femmes d’être présentes aux obsèques. Leur présence, si elle n’est pas recommandée par le prophète, n’est pas non plus formellement proscrite. C’est pourquoi elles sont en général présentes quelques pas derrière les hommes et vont saluer le défunt quand le cercueil est enterré, voire le lendemain. La famille du défunt peut choisir d’organiser cette présence à sa convenance.

Pour ce qui concerne les fleurs, il est déconseillé d’en offrir. Le don est considéré comme plus approprié, notamment pour couvrir les frais d’obsèques dans un esprit de solidarité.

La toilette des défunts lors de l’enterrement musulman

La toilette mortuaire est un acte d’une très haute importance dans la religion musulmane. C’est une fonction délicate qui honore le défunt mais aussi la personne qui en est chargée, dont les textes religieux soulignent la place essentielle. Pour ces raisons, et parce qu’il s’agit d’un acte intime et personnel, elle est confiée à des proches, des musulmans connus pour leur sagesse et leur piété comme un imam, ou de plus en plus souvent à des professionnels parfaitement experts dans cet exercice très codifié et sensible.

Parmi les proches, les hommes peuvent exécuter la toilette rituelle des hommes, tandis que les femmes réaliseront celle des femmes. Des exceptions existent à cette règle, par exemple le mari peut participer à la toilette mortuaire de son épouse et réciproquement, de même qu’ils peuvent participer à celles de leurs enfants non-pubères des deux sexes.

La toilette doit avoir lieu au plus près de l’inhumation, en France c’est donc la délivrance du permis d’inhumer qui déterminera le début de ce processus précis et comportant des étapes à respecter. Les personnes chargées de la toilette mortuaire doivent s’être préalablement purifiées. Elles doivent manipuler le corps avec le plus grand soin et le plus grand respect. Leur expression doit être minimale, discrète et positive.

La place de la toilette mortuaire est centrale dans l’enterrement musulman car il s’agit de préparer le défunt à sa rencontre avec son créateur. Toute trace de souillure, mais aussi le maquillage, les bijoux ou dentiers doivent lui être ôtés. Les femmes ont les cheveux tressés et placés derrière leur tête. Les parties intimes sont constamment sous un tissu opaque par respect pour le croyant et les organes vidés délicatement de leurs résidus. L’ablution pratiquée sur le défunt peut être répétée mais en évitant de faire couler de l’eau dans son nez ou sa bouche. Des prières sont prononcées pendant toute la toilette mortuaire de l’enterrement musulman.

La crémation, le don d’organe et la thanatopraxie ne sont pas autorisées par la religion musulmane, un verset du Coran interdisant de porter atteinte à l’oeuvre du créateur. Néanmoins, de nombreuses familles acceptent les obligations sanitaires liées au transport des corps lors des rapatriements.

Le rite et le cimetière lors de l’enterrement musulman

Comme dans les religions chrétiennes et juive, l’enterrement musulman respecte un rite précis. Le corps est porté à l’épaule, en France dans un cercueil de bois léger jusqu’au cimetière. Les personnes croisant le cortège funèbre sont invitées à le rejoindre. Lorsque la dépouille est mise en terre, le défunt est tourné légèrement sur son flanc droit. Son visage doit être orienté vers la Mecque. En France, la tradition invite plutôt à enterrer en orientation Sud / Est.

L’imam et les croyants psalmodient la Salat Al-Janaza, c’est à dire la prière du mort. Elle est scandée par des takbir (“Allahou Akhbar”) et comporte une Fatiha (la sourate d’ouverture du Coran, composée de sept versets), ainsi qu’une invocation.

Des poignées de sable, ou des pelletées de terre sont adressées au défunt en signe d’affection et de dernier adieu. Après que les hommes se soient recueillis, les femmes et les enfants rendent hommage à leur tour au défunt, généralement le lendemain. La sépulture est recouverte de terre et surplombée d’une simple dalle. La pierre tombale ou le monument funéraire est sobre et peut être ornée d’un verset du Coran.

Il est de tradition dans la communauté musulmane que la période de condoléances ne dépasse pas trois jours après un enterrement musulman, pendant lesquels les amis et connaissances du défunt témoignent leur peine à la famille en apportant mets et nourriture.

Les pratiques religieuses diffèrent assez d’une confession à l’autre, aussi nous vous proposons de retrouver également nos dossiers sur : l’enterrement catholique, l’enterrement juif, l’enterrement bouddhiste, ou encore l’enterrement laïque (appelé également enterrement civil).

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