Interdite dans notre pays par Charlemagne, la crémation n’a été à nouveau autorisée qu’à partir du 19e siècle. Elle n’est entrée que lentement dans les mœurs, à partir de sa tolérance par le concile catholique de Vatican II au début des années 1960. Depuis le début des années 1980, la crémation –  terme désormais préféré à celui d’”incinération” réservé aux choses inanimées –  s’est fortement développée.  Aujourd’hui,  c’est un tiers des Français qui fait le choix d’être crématisé au moment de son décès. Pour autant, la crémation reste parfois mal connue de nombreuses familles. Le déroulement de ces funérailles différentes de l’inhumation suscite des interrogations, voire des inquiétudes. Qui peut choisir de procéder à la crémation, le défunt ou ses proches en deuil ?  Où la réaliser ?  Peut-elle donner lieu à une cérémonie religieuse ?  Quelles sont les modalités de dispersion des cendres ?  Voici quelques-unes des questions que peuvent se poser ceux qui envisagent la crémation pour eux même à l’avenir ou pour un proche qui vient de décéder.  Décryptage des différentes étapes de la crémation. 

Quelles démarches avant la crémation ?

Lorsque le décès d’un proche survient, il est pénible de devoir faire face à l’avalanche de choix qu’implique l’organisation des obsèques et de la succession. L’un des plus délicats est de choisir les funérailles correspondant le mieux à la personnalité du défunt. 

Le cas le moins complexe est celui dans lequel les dernières volontés de la personne décédée ont été exprimées clairement, soit de son vivant soit dans un testament ou tout autre document posthume. La volonté de recourir à la crémation est ainsi de plus en plus souvent précisée avant le décès. Il est essentiel de respecter autant que faire se peut les volontés intimes de l’être cher. 

Les motivations peuvent être très diverses. Parfois, la personne souhaite retourner sur la terre de son lieu de naissance. Ne possédant ni adresse, ni caveau familial dans la commune, dont le cimetière est parfois déjà très occupé, elle peut opter pour une dispersion près d’une maison natale ou d’un lieu-dit tant aimé. Autre motif de plus en plus régulièrement cité pour recourir à la crémation : la préoccupation environnementale et l’empreinte écologique trop importante que représenterait une inhumation en pleine terre. 

Les dernières volontés du défunt ou de la défunte peuvent être extrêmement précises. Elles peuvent faire l’objet par exemple d’un contrat obsèques qui prend non seulement en charge tout ou partie des frais d’obsèques, mais en fixe les modalités. Il est désormais possible de choisir jusqu’au modèle d’urne cinéraire qui recueillera nos cendres à l’heure du dernier voyage. Il incombe à la personne de confiance choisie par la famille de respecter à la lettre les dernières volontés ainsi explicitement annoncées

La difficulté peut survenir lorsque le défunt n’a laissé aucune indication écrite ni orale sur sa préférence et ses convictions en matière de rite mortuaire. Il convient alors de s’appuyer sur divers faisceaux d’indices pour éviter toute faute de goût, voire un réel traumatisme pour l’entourage du défunt. En tout état de cause, il ne faut pas hésiter à consulter ses proches, amis et parents. Si la personne décédée était notoirement athée, il est possible que, comme les non-croyants désormais majoritaires en France, elle ait pu montrer une préférence pour la crémation. 

Si, en revanche, le défunt a eu une vie de croyant, il suffit de consulter les différentes traditions cultuelles. Par exemple la religion juive et la religion musulmane interdisent catégoriquement tout forme d’atteinte à l’intégrité du corps, comme la thanatopraxie, les soins de conservation ou la crémation. La religion catholique a longtemps considéré que la crémation était contraire à la croyance en la résurrection, avant d’évoluer vers une tolérance de cette pratique. Les protestants la pratiquent massivement dans les pays du nord de l’Europe et depuis longtemps. Les religions asiatiques comme le bouddhisme, l’hindouisme, le shintoïsme, la recommandent voire la considèrent comme une obligation de purification, après dans certains cas une toilette rituelle du corps du défunt. 

Une fois déterminé le choix du défunt ou de ses proches, il convient de contacter une entreprise de pompes funèbres qui prendra en charge tous les contacts avec les services de crémation. 

Comment se déroule le jour de la crémation ?

Le jour de la crémation est celui qui suscite souvent le plus d’appréhensions. Pourtant nombre d’idées reçues sont infondées et la crémation, avec ses spécificités, s’approche largement de l’inhumation pour ce qui concerne l’organisation de la journée des obsèques. 

Principale idée reçue : la crémation empêcherait la tenue d’une cérémonie religieuse. C’est inexact. En effet, la religion catholique, qui permet désormais la crémation, a en partie adapté son rite. Une cérémonie peut avoir lieu à l’église. Comme pour les inhumations, il s’agit rarement d’une messe spécifiquement dédiée au défunt mais d’une cérémonie funéraire avec prières et intentions des proches. La seule différence notable concerne le moment de la crémation lui-même. Au crématorium, une cérémonie religieuse peut précéder la crémation mais elle ne se tient pas en présence d’un prêtre, qui se rend en revanche au cimetière pour les enterrements. Un diacre, c’est à dire un laïque particulièrement pieux et investi dans la vie de l’Eglise, le remplace en général au funérarium. Cela permet d’offrir un temps de recueillement religieux à la famille. Ce temps peut aussi être non-religieux dans les salons du crématorium. 

Le temps de la crémation à proprement parler est venu. Elle doit avoir lieu au plus tôt 24h heures et au plus tard 6 jours après le décès. Le corps a été transporté depuis le lieu du décès ou de la veillée funèbre. La mise en bière a été réalisée dans un cercueil plus léger que ceux dévolus aux enterrements, pour une combustion plus aisée. De même, le défunt doit être défait de tout ce qui peut présenter un risque dans le processus d’incinération. Les prothèses ont été retirées, de même surtout que tous les appareils électroniques d’assistance comme les pacemakers, très dangereux car risquant d’exploser avec la chaleur. En France, à l’inverse des pays asiatiques par exemple, ou des inhumations juive et musulmane, le corps doit obligatoirement reposer dans un cercueil. Cette obligation s’applique aussi, bien sûr, à la crémation. 

Les proches peuvent assister à une partie de la crémation. C’est l’étape dite de la “mise en flammes”, lorsque la crémation du défunt débute. Ils n’assistent pas à l’ensemble du processus. Celui-ci dure en moyenne une heure trente. Le four crématoire est chauffé à une température extrêmement élevée de 800 à 900 degrés. Puis le corps y est placé. La chaleur encore présente provoque l’embrasement en apparence spontané des vêtements et du corps. Puis les gaz sont à nouveaux allumés pour prolonger un très haut niveau de température. 

Par la suite, les proches patientent dans un salon voisin ou commencent à se rendre au domicile de la famille du défunt. 

Après la crémation : qu’advient-il des cendres ? 

Après la crémation, les cendres sont récupérées, et les résidus non-incinérables sont soit pulvérisés, soit récupérés, comme les amalgames dentaires ou certains plombages. Une fois rassemblées dans l’urne funéraire, où vont ces cendres ? Il faut noter que la législation française a beaucoup évolué ces dernières années sur leur destination possible.

En premier lieu, il est désormais interdit de conserver des cendres au domicile de la famille du défunt. Les cimetières doivent, avant 2030, mettre à disposition des familles un nombre croissant de columbariums, mais aussi de jardins du souvenir où les cendres pourront être dispersées. 

La dispersion est d’ailleurs un point légal particulièrement sensible. La loi permet de disperser des cendres dans la nature, en mer ou par voie aérienne. Il est possible de joindre l’urne aux cendres lors d’une dispersion en pleine mer si celle-ci est biodégradable. Un registre a été créé pour consigner l’identité du défunt de même que la date et le lieu de dispersion des cendres.

A l’inverse, la loi interdit catégoriquement la dispersion sur la voie publique, dans les fleuves et rivières ou dans des jardins publics, ou encore sur une propriété privée sous forme d’endroit clos. Il est possible d’inhumer une urne sur une propriété privée, comme inhumer un corps mis en bière, mais cela est soumis à des autorisations administratives difficiles à obtenir. Une urne peut cependant être inhumée ou exhumée sans difficulté dans un cimetière ou un lieu de culte attenant. 

Si leur dispersion est plus réglementée que par le passé, les cendres font en revanche l’objet d’un transport facile, contrairement au transport de corps qui est le monopole exclusif des professionnels de pompes funèbres. Seule complexité : en cas de rapatriement des cendres à l’étranger, une autorisation du Préfet est indispensable. 

Il est enfin parfaitement possible d’offrir aux cendres du défunt une sépulture avec pierre tombale et monument funéraire, ou un caveau familial. Dans ce cas, la différence de coût qui conduit à choisir inhumation ou crémation, s’estompe. Le choix d’une urne composée d’une matière précieuse peut aussi occasionner des frais plus élevés. 

La crémation est plus proche des modalités de l’inhumation qu’on ne le pense souvent, comme le montrent ses étapes successives. Davantage qu’une différence d’organisation, elle témoigne surtout une différence de philosophie dans le choix des funérailles. 

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